Conçus comme une série de manifestes sur la ville et l’architecture radicale de notre temps, Les Chronomanifestes 1950-2010 partent d’une constatation très simple : s’il y a des architectures sans architectes, il ne peut y avoir d’architecture sans idée ou concept. L’architecture invente des concepts et les matérialise. Chacun des artistes ou architectes illustré sur ces pages proclame à un moment donné une idée-manifeste, une vision de la ville et de l’architecture de notre temps. Avant d’être des formes, c’est d’idées qu’il s’agit.
Organisée chronologiquement, année par année, cette classification est volontairement abstraite, éludant regroupements idéologiques et origines géographiques. La raison en est simple. Le début de l’ère de la communication globale se situe dans les années cinquante. Très vite, la plupart des protagonistes illustrés ici se connaissent soit personnellement, soit par l’intermédiaire de publications et magazines. Ils s’influencent les uns les autres. Au-delà des polémiques, un nouveau discours est en marche. Ce petit ouvrage tente de l’illustrer.
Ainsi, si les légendes-manifestes se rapportent à chacune des oeuvres respectives, elles peuvent aussi se lire en continu, comme une longue fresque évoquant les différents moments et sensibilités qui ont nourri la ville et l’architecture depuis les années cinquante. Cependant, on s’aperçoit vite que la stricte chronologie de la création des oeuvres ne respecte pas toujours une logique narrative classique. Pour prendre une analogie cinématographique, s’il y a des fondus enchaînés, il y a aussi des faux-raccords, c’est-à-dire des transitions d’une année à une autre où deux sensibilités divergentes se heurtent et s’affrontent. Les légendes accompagnant les oeuvres suivent de près l’exceptionnelle documentation préparée par le FRAC Centre à propos de chacun des artistes et architectes exposés...